Rencontre avec Olivier Guyot, viticulteur

• Olivier Guyot, la culture de la vigne, vous êtes tombé dedans lorsque vous étiez petit, non?…
Vous ne croyez pas si bien dire : ma mère a attendu le dernier jour des vendanges, après la paulée, pour entrer en clinique le 23 octobre 1963…une année tardive. Quelques jours après, mon couffin était installé au bout des vignes pendant que mes parents travaillaient.


• C'est votre grand-père qui vous a transmis son savoir-faire…
Oui, je l'accompagnais tout le temps aux vignes, à la pépinière (son métier premier était pépiniériste). Avec lui j'ai appris à greffer, à tailler, à labourer tout çà dans un esprit de respect de la nature.
La vinification, je l'ai apprise dans d'autres Domaines en France. J'ai ensuite acquis mon expérience au fur-et-à-mesure de mes propres vinifications.


Votre métier est exigeant. Qui vous a donné l'envie de vous tourner vers la culture raisonnée, car après tout, ce sont des contraintes supplémentaires?…
Oui et non, j'ai toujours pensé que, chacun à notre niveau, nous pouvons respecter notre environnement. Nos ainés ont pensé que l'utilisation importante d'engrais était bénéfique pour les vignes. C'était faux. Depuis une dizaine d'année je travaille beaucoup les sols : laboure, butage, débutage cela prend du temps mais je n'ai plus besoin de désherber. J'ai constaté une meilleur qualité de raisin, ce qui se ressent dans le vin qui est équilibré naturellement et fait ressortir les caractéristiques des terroirs. C'est tout l'intérêt de notre Bourgogne.


Quels sont les avantages de ce mode de culture en comparaison aux méthodes traditionnelles ?
Plutôt que de vous parler technique, je préfére vous donner un exemple très récent : l'année 2003, une année de sécheresse.C'est ce que je vous expliquais précédemment : je travaille le sol depuis de nombreuses années, les racines de mes vignes descendent en profondeur : 10 à 15 m. À ce niveau, elles ont trouvé ce dont elles avaient besoin pour lutter contre la sécheresse. De plus, nous n'avons pas effeuillé pour protéger le raisin. On remarquait la différence avec les vignes voisines : le feuillage était vert et beaucoup plus dense. Quand on voit le résultat, ça donne vraiment envie de continuer.


• Comme vous ne pouvez être partout à la fois, l'aide de Réjane, votre épouse, doit vous être précieuse ?…
Oh oui ! Réjane prend en charge tout l'aspect administratif de notre activité, ce qui me permet de me consacrer pleinement à ma passion : la vigne, la vinification et la dégustation.


• Lorsqu'on vous voit évoluer au milieu de vos vignes, on a du mal à vous imaginer ailleurs. Pourtant, vous voyagez beaucoup pour présenter vos vins et faire partager votre passion…
Oui, j'ai besoin d'être en contact avec les amateurs de vins, je pense que c'est important d'écouter leurs opinions.
Après deux année de travail, entre la vigne et élevage je peux enfin partager un moment de convivialité avec eux : c'est toujours un moment que j'attends avec impatience et beaucoup d'angoisse également.


• Vos vins, justement, comment les décririez-vous ?
Dans l'ensemble, mes vins sont floraux, élégants, gourmands, sensuels à boire sous deux à six ans. 
Les Gevrey et les Grand Crus, étant plus concentrés avec plus de matières, sont plutôt des vins de garde qui gagneront en rondeur et en finesse en vieillissant.


• Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
Toujours s'améliorer pour satisfaire les amoureux du bon vin!… et aussi développer la vente dans le monde entier. La réalisation d'une cuverie nous faciliterait aussi le travail.
Mais le fin du fin, c'est que chacune de nos bouteilles soit l'occasion d'un grand moment de partage et de convivialité !